Arques
Le village d’Arques
Le village d’Arques, créé par les Wisigoths au 6e siècle après J.-C., est situé dans une vallée des Corbières. Il fait partie de l’ancien comté du Razès, dont Rennes-le-château est la capitale historique, à la limite du Pays de Termes.
Arques est réputé pour son château composé d’un donjon quadrangulaire remarquable ainsi que pour la maison natale du philosophe et historien Déodat Roché transformée de nos jours en musée du catharisme.
L’église sainte Anne
Au centre du village se trouve une église placée sous la protection de Sainte Anne et ayant Saint Jean-Baptiste comme premier patron. A côté de celle-ci, plusieurs tombeaux mérovingiens en pierre ont été exhumés sur la place du village au 20e siècle.
En entrant à l’intérieur de l’église, on est directement frappé par une peu commune crucifixion peinte directement sur le mur derrière l’autel.
Parmi les autres réalisations, on y retrouve comme souvent dans les églises de la région, une représentation de Jeanne d’Arc.
Egalement, l’église est pourvue de plusieurs représentations de Sainte Anne, la Vierge Marie et Jésus-Christ. Rappelons que Sainte Anne, la mère de la Vierge Marie n’apparaît pas dans les évangiles du Nouveau Testament, mais dans les textes apocryphes. Elle est vénérée en France depuis le Haut Moyen Âge, notamment en Bretagne et dans le Sud Est. Elle est cependant plus rarement représentée dans le Razès.
Le tableau anonyme dit “à la poire”
Parmi ces représentations, celle qui nous intéresse particulièrement ici est un tableau anonyme d’un auteur inconnu situé dans une chapelle absidiale, habituellement non ouverte au public.
Sur ce tableau, l’Enfant Jésus est sur les genoux de la Vierge Marie et reçoit une poire de la part de Sainte Anne. Joseph se trouve sur le côté droit et est appuyé sur sa canne. L’oiseau du saint esprit est représenté en haut du tableau. L’Enfant Jésus ainsi que Marie ont des auréoles sous forme de disques dorés resplendissants tandis que Anne et Joseph ont des anneaux plus simples au-dessus de leurs têtes. Comme à l’habitude la Vierge Marie porte une robe bleue tandis que Anne et Joseph portent des vêtements verts et rouges.
Autres exemples de tableaux où sainte Anne offre un fruit à Jésus
La « Sainte Anne Trinitaire » est un thème récurrent de l’iconographie chrétienne représentant Sainte Anne, la Vierge, l’Enfant Jésus et, plus rarement, l’oiseau du saint esprit. Parmi ces figurations, il est fréquent d’y voir Sainte Anne présenter un fruit à Jésus. Il s’agit bien souvent d’une pomme, comme rappel du péché originel, bien que la bible ne mentionne non pas une pomme mais simplement un fruit défendu.
On remarque que Anne est généralement plus majestueuse que les autres personnages, et que Marie est souvent de la même taille que Jésus. Il arrive que ce soit Marie qui offre le fruit.
Plus rarement, Anne offre présente un autre fruit à l’Enfant Jésus, comme du raisin.
Enfin, plus rarement d’autres représentations montrent Anne offrant une poire à Jésus.
L’origine du tableau “à la poire”
La représentation la plus troublante est la gravure de 1584 du graveur flamand Raphael I Sadeler
(1560 1632).
Les coeurs trinitaires de cette gravure de Sadeler et du tableau de l’église d’Arques sont quasiment
identiques.
Cette ressemblance indique soit que l’une de deux représentations est inspirée de l’autre, soit que les deux représentations s’inspirent d’une même autre œuvre.
Il y a deux inscriptions au bas de la gravure de Sadeler. Tout en bas, il est écrit « Puer autem crescebat, et confortabatur spiritu: plenus sapientia, et gratia Dei erat in illo. Luc cap. II / Raphael Sadler fecit & excudit 1584. » se traduisant par « Mais l’enfant grandit et fut fortifié en esprit : plein de sagesse, et la grâce de Dieu était en lui. Luc chapitre 2 / Raphael Sadler fait et imprimé en 1584.” »
Juste au-dessus de cette inscription, on peut lire « Theodor Bernard: Amsterda: inventor » signifiant que l’auteur du dessin originel est Théodore Bernard, connu également sous le nom de Dirck Barendsz.
Dirck Barendsz (1534-1592) est un peintre néerlandais du 16e siècle ayant notamment réalisé des compositions sur la vie du Christ destinées à la gravure. Nombre de ces œuvres furent des huiles sur papier collé sur toile et réalisées par la célèbre famille de graveurs Sadeler.
Nous n’avons pas retrouvé l’original de Barendsz ayant inspiré la gravure de Sadeler. Cependant on sait que la reproduction était réalisée en sens inverse de l’œuvre originale. Comme exemple, on peut comparer « L’Onction de Béthanie » de Barendsz par rapport à l’œuvre gravée en sens inverse par Johan I Sadeler, frère de Raphael I Sadeler
À cette époque, il était courant que ce type de gravure soit diffusé eu Europe et recopié par des artistes locaux. Ainsi, nous pouvons conclure que la peinture située dans cette chapelle de l’église d’Arques est une copie de la gravure du 16e siècle de Raphael I Sadeler, elle-même réalisée à partir d’une représentation originelle de Dirck Barendsz !
23 octobre 2022, Philippe Meyer ©
NDLR : titre et sous-titres sont de la rédaction. Certaines rumeurs situent le tombeau de Roland dans la région d’Arques et plus précisément au Pas de la Roque. Nous rappelons qu’il n’existe aucun document prouvant ces assertions !
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