Roncevaux, le VRAI et le tombeau de Roland

Le tombeau de Roland

Aetius continue ses recherches sur Roland et Roncevaux. Après l’article consacré à “Roland et le vrai Roncevaux” et “L’expédition en Espagne de Roland”, il nous livre son étude sur son tombeau proche du Pas de la Roque à Lavaldieu !

L’histoire officielle de Roland et Roncevaux

L’histoire officielle nous raconte que le valeureux comte Roland tué au combat à Roncevaux est enterré à Blayes (Girondes), en l’église Saint Romain de Blayes pour être plus précis. Cette église se situe non loin de la voie romaine qui va à Roncevaux. C’est donc « le chemin » de pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle. Comme c’est pratique !
Le conte Olivier y serait enterré ainsi que l’archevêque Turpin. Tous les trois auraient été ramenés de Roncevaux par Charlemagne et mis dans des sarcophages de marbres blanc.

Vivement et en vainqueurs ils passent par Narbonne.
Puis Charle sarrive à Bordeaux, la grande et belle ville.
C’est làque sur l’autel du baron Saint Severin
Charles dépose l’olifant, qu’il avait rempli d’or et de mangons;
Et c’est là que les pélerins peuvent encore le voir.
Sur de grandes nefs l’Empereur traverse la Gironde;
Il conduit jusqu’à Blaye le corps de son neveu,
Celui d’Olivier, le noble compagnon de Roland,
Celui de l’archeveque, qui fut si preux et si sage.
On dépose les trois seigneurs en des tombeaux de marbre blanc,
A Saint Romain, ou maintenant encore gisent les barons; »
(« La Chanson de Roland »)

La Pique de la Valdieu où serait le tombeau de Roland de Roncevaux
La Pique de la Valdieu – Aetius ©

Seulement il y a un hic ! Le comte Olivier n’a jamais existé, il n’a été créé de toutes pièces que comme caractère antinomique. Roland est preux, Olivier est sage. De même que si Olivier n’existe pas, la belle Aude, fiancée de Roland et soeur d’Olivier n’existe pas non plus. Elle aussi fut créée de toutes pièces pour adoucir une histoire un peu trop guerrière. L’archevêque Turpin, le prêtre-soldat qui guerroie en priant, lui a bien existé. Il occupait à la fin du VIIIe siècle le siège de l’archevêché de Reims. Il est mort de sa belle mort dix ans après Roncevaux auquel il n’a jamais participé.
Quant à Roland, François Ier, curieux de voir les restes d’un si grand héros, fit ouvrir son sarcophage. Stupeur ! En lieu et place d’un squelette de grande taille, il ne trouva qu’un tas d’osselets à peu près gros comme deux fois le poing. Curieux. non ?

Des documents probants sur Roland et Roncevaux

Karlamagnus Saga ou Saga de Charlemagne

Dans la Karlamagnus Saga ou Saga de Charlemagne (recopiée et remaniée en Islande au XIIIe siècle), Charlemagne fait enterrer Roland et les douze pairs à Arles aux Alyscamps. Le mot provençal « Alyscamps » signifie « Champs Elysées ». Il fait référence au passé antique de ce lieu. En effet, dans tout l’angle sud-est de la ville romaine d’Arles, s’étendait, à l’extérieur des remparts, une vaste nécropole qui, au Moyen Âge, eut un très grand rayonnement dans l’Occident chrétien. Dans l’Antiquité, les cimetières étaient toujours extérieurs à l’enceinte des cités et souvent implantés le long des grands axes routiers. Dès le début de l’Empire, tombes à incinération, sarcophages et mausolées s’égrenèrent aux abords de la Via Aurelia, constituant une vaste nécropole.

« Le roi Charlemagne fit ensuite aménager de nombreuses et vastes tombes à l’endroit même où ils avaient trouvé la mort, et il fit ensuite enterrer les corps de ses hommes. Il y fit mener chacun d’eux, au plus près, en fonction de l’endroit où ils se trouvaient, hormis Roland et les douze pairs. La nuit suivante, les anges de DIEU dirent à Charlemagne en rêve que tous les hommes de sa troupe étaient sauvés.
Le roi fit ensuite fabriquer de grandes bières parfaitement parées et il y fit déposer les corps de Roland et des douze pairs et barons qui avaient trouvé la mort ; et il fit mettre en bière les corps des douze hommes et partit en compagnie de sa troupe en grande pompe et avec les honneurs. Ils firent route jusqu’à ce qu’ils parviennent à la cité d’Arles, c’est la capitale du pays appelé Provence. » (Karlamagnus Saga)

Le Pas de la Roque, en dessous de Lavaldieu et du vrai Roncevaux avec au premier plan l’ancienne voie romaine
Le Pas de la Roque, en dessous de Lavaldieu avec au premier plan l’ancienne voie romaine – Aetius ©

La Karlamagnus Saga puise ses sources dans des récits plus anciens que la « Chanson de Roland », sources sans doute perdues pour nous, hélas ! Ne dit-on pas que Taillefer, le bouffon de Guillaume le Conquérant, se serait avancé vers les rangs saxons en récitant les exploits du courageux paladin, avant de plonger sa lance dans le corps d’un saxon ce qui signa, d’une part, son arrêt de mort et, d’autre part, le « coup d’envoi » de la bataille d’Hastings. Ceci se passait en l’an de grâce 1066 . Turold ne composa la « Chanson de Roland » que quelques années plus tard. Où Taillefer avait-il eu donc vent des exploits de Roland, sinon dans une version ancienne d’une Karlamagnus Saga.

La Karlamagnus Saga est en norrois, langue des Scandinaves, langue aussi des envahisseurs normands. Je rappelle que la langue norroise était en vigueur dans tout le duché de Normandie à cette époque (Rouen, Caen). Turold étant moine à Fécamps, il se peut qu’il ait recopié et arrangé une Saga de Charlemagne ancienne pour en faire la « Chanson de Roland ». Cela reste une hypothèse.

Nous disions donc que, dans cette Saga, Charlemagne fait enterrer Roland aux Alyscamps d’Arles. Une légende fait en effet état du tombeau de Roland et de ses compagnons d’armes à cet endroit. Il y a bien un Roland enterré aux Alyscamps d’Arles; oui, mais ce n’est pas le nôtre !

Jacques Chocheyras « Roland du Saint au Héros historique » (1993)

« Nous connaissons un Rotlandus historique, champion de la lutte contre les Sarrasins de surcroît. Il s’agit de l’Archevêque d’Arles qui, apprenant le débarquement de pirates païens dans un port de Camargue qui leur était familier, alla inconsidérément s’enfermer dans un fortin de terre hâtivement construit pour défendre sa riche abbaye de Saint Césaire. Plus de trois cents de ses hommes y périrent, et lui-même, capturé et emmené sur leurs bateaux pour être échangé contre une rançon, y mourut le 19 septembre 869. Son corps reposait au Moyen-Age dans la crypte de Saint Honorat aux Alyscamps. »

Il y a même une Tour de Roland. On crut enfin que la Tour de Roland rappelait le neveu de Charlemagne. En réalité, c’est à l’archevêque Rotland qu’elle doit son nom, à tort du reste, puisqu’elle est l’unique vestige des fortifications établies pendant l’occupation arabe par Abd al-Rhaman. L’archevêque Rotland restaura le monastère fondé par Saint Césaire autour de l’ancienne cathédrale, puis ruiné lors de la guerre de 735, et défendit Arles et la Camargue contre les pillards arabes. Il fut fait prisonnier au cours d’un raid sarrasin sur Arles, et l’ennemi réclama, pour le rendre, une énorme rançon que les Arlésiens réussirent non sans mal à réunir. Quand leurs ambassadeurs atteignirent l’endroit convenu, l’archevêque les attendait, assis face au Rhône, hiératique, crossé, mitré, revêtu de tous ses ornements épiscopaux et raidi dans les plis somptueux de sa chape. Les Sarrasins encaissèrent l’argent et se retirèrent aussitôt. Les Arlésiens s’approchèrent alors respectueusement du captif qui les attendait toujours, droit, immobile et silencieux. Surpris, ils se hasardèrent à le toucher. Il s’affaissa entre leurs bras. On ne leur avait rendu que son cadavre.

Revenons à Blayes. Le sarcophage de Roland à Blaye devenait un passage obligé par lequel devait passer le pèlerin de Saint Jacques venu du nord ou de l’ouest de la France et de l’Europe. Ce tombeau légitimait l’itinéraire principal pour qui voulait se rendre à Compostelle via Roncevaux. A Blaye, les pèlerins s’embarquaient pour l’Espagne, le tombeau de Roland les invitait à se rendre à Roncevaux pour voir de leurs yeux l’endroit où était tombé le preux paladin et ses douze compagnons. Comme je le soulignais dans une autre étude, en matière de marketing, nous n’avons rien inventé.

Revenons maintenant à notre beau Razès

Carte IGN avec Lavaldieu

Pierre Jarnac

« Des historiens hollandais et anglais sont persuadés que Roland, défunt, fut transporté dans une abbaye située à LAVALDIEU, au sud de Rennes-le-Château, ancien lieu où se pratiquait le culte du dieu Baal. »

« Les vieux de Rennes se rappellent très bien qu’il existait aux alentours de cet endroit un monticule que l’on nommait « La butte de Roland ». D’ailleurs un Audois aurait retrouvé une tombe basse sur laquelle le nom de ROLANDUS était encore visible. La sépulture étant envahie par la végétation est difficile à localiser précisément. Elle serait située du côté du ruisseau de Couleurs.

Des archéologues anglais auraient trouvé des traces d’un cimetière carolingien, précisément au même endroit. » (“Les archives du trésor de Rennes-le-Château”)

Docteur Gourdon

Au sujet de ce lieu, voyons ce que le Dr Gourdon nous en dit : « Sur ce même plateau, vers l’ouest, est le hameau de Coume-Sourde et plus au sud celui de Laval-Dieu, à 1 kilomètre de distance et sur lequel il y a une légende.
On racontait qu’il existait autrefois, dans ce lieu appelé quelquefois par corruption Bal-Dieu, un temple érigé au dieu Baal, où les habitants de la contrée se réunissaient pour lui offrir des sacrifices ; et l’on est porté à croire que ce temple aurait pu être fondé par les Phéniciens (?) qui ont jeté quelques colonies sur la côte d’Espagne la plus voisine. Il est évident que cette tradition n’a d’autre origine qu’une supposition faite sur le nom même du lieu, aucune trace d’un temple quelconque n’existant dans le hameau. » (“Stations thermales de l’Aude, Rennes-les-Bains”, Toulouse 1874, p. 397)

Je dois ajouter qu’il y avait il y a encore en 2004 les ruines (murs) d’une ancienne abbaye, ruines depuis détruites au lieu-dit Lavaldieu.

Carto-guide

Un carto-guide Shell des années 80 fait mention du tombeau de Roland à Lavaldieu :« Aux environs – Rennes-les-Bains (13 km à l’est) petite station tapie au creux du canyon de la Salz. Château de Blanchefort (10 km à l’Est); La Valdieu (6 km Sud-Est) lieu présumé du tombeau de Roland. »

Vue aérienne de la Pique de Lavaldieu et de Roncevaux
Vue aérienne de la Pique de Lavaldieu

Conclusion provisoire sur Roland et Roncevaux

La butte de Roland, le vrai Roncevaux au Pas de la Roque, le tombeau de Roland à Lavaldieu serait une légende transmise de génération en génération par les anciens. Et comme le dit un vieil adage, « il n’y a pas de fumée sans feu ».

Est-ce dans la crypte de cette abbaye que Roland, tombé dans l’embuscade du Pas de la Rocque repose ?

On m’a signalé un endroit proche (que je ne citerai pas) où, pendant des travaux (1980), les ouvriers auraient mis à jour un cimetière carolingien. Le toponyme ‘Carla’ rappelle d’ailleurs le souvenir de Charlemagne et des Carolingiens.

Et si la phrase laconique inscrite par B. Saunière : « 21-9-1891- Lettre de Granès – découverte d’un tombeau – le soir pluie », était la découverte du tombeau de Roland ?

Il n’est pas interdit de rêver !

Mise à jour 28 novembre 2021, 23 décembre 2006, Aetius ©


Où est donc le vrai Roncevaux ?

Nous remercions Jean Noël Rolland, Docteur en Histoire à l’université de Montréal, de partager avec nos lecteurs son Travail final en Histoire Médiéval Niveau II, Année Académique 2011-2012, “Roncevaux – Le samedi 15 août 778”

Introduction sur Roncevaux

La question dite de Roncevaux, celle du guet-apens qui se déroula le samedi 15 août 778 (1), les événements qui y sont liés ont largement été débattus, commentés, expliqués, ont fait l’objet de polémiques et restent toujours d’actualité.
Des historiens, des hommes de lettres, des érudits et même des « amateur-passionnés » se penchent fréquemment sur le sujet. Roncevaux et les événements qui en résultèrent interpellent encore. Probablement parce que l’une des légendes épiques les plus célèbres; la Chanson de Roland, découle de ce que nous pourrions appeler un « simple fait-divers militaire », une embuscade d’arrière garde, à laquelle se greffa un long processus de transmissions et de traditions, tant orales que écrites (2). Il s’agit très certainement de la plus ancienne chanson de geste (3) qui nous eut été transmise.

Les quelques pages qui vont suivre aborderont les événements historiques qui sont à l’origine de la légende que nous connaissons. Ce que nous tentons de faire ici, se rapproche de ce que nous pourrions nommer un état de la question et du savoir scientifique acquis jusqu’à aujourd’hui sur les événements d’Espagne de 778. Nous allons écarter volontairement la Chanson de Roland et les différentes thèses de transmissions et de l’élaboration de la geste afin de nous concentrer davantage sur les faits historiques qui en sont à l’origine.

De surcroît, nous replacerons la bataille de Roncevaux dans le contexte qui est le sien ; celui de la campagne d’Espagne, depuis les causes proches jusqu’aux événements même de l’embuscade.

Après quoi, nous aborderons les conséquences directes de l’expédition espagnole de 778 et de la mésaventure de Roncevaux comme la création du royaume d’Aquitaine en 781 pour le fils de Charlemagne, Louis le Pieux, qui n’a alors que trois ans, ou encore la constitution d’une marche d’Espagne après la prise de Barcelone en 801 (4).

777 : Le prologue de Paderborn, un an avant Roncevaux

Après les campagnes en Italie et en Saxe de 776, Charlemagne célébra la fête de Pâques à Nimègue (5) et ensuite, il se rendit à Paderborn (6), alors en territoire ennemi, où il convoqua l’assemblée de mai, à laquelle il convia, outre ses vassaux, les chefs saxons récemment soumis (7) afin de régler la question saxonne (8). De nombreux saxons furent baptisés, et Charlemagne, non confiant des engagements précédents, en attendit de nouveaux, plus solennels et garants de paix (9). Ils ne le seront qu’en apparence; car la rupture de ces serments suite à la révolte et à l’invasion saxonne sont notamment à l’origine de l’abandon rapide de la campagne espagnole (10). Mais, nous y reviendrons plus tard.

Maintenant, penchons-nous précisément sur les raisons qui poussèrent Charles à intervenir au-delà des Pyrénées.

Alors que Charlemagne tenait son plaid en Saxe, une ambassade étrangère composée de chefs musulmans révoltés (11) contre l’émirat de Cordoue (12) sollicita une aide franque en Espagne (13). Les principes Sarracenorum (14) se soumirent avec leurs terres à l’autorité de Charles (15).

Á fortiori, ils aspiraient à quitter d’une part la domination de l’émirat qui devenait de plus en plus menaçant (16), et de l’autre, si l’opération aboutissait, à acquérir une semi-indépendance sous une suzeraineté carolingienne éloignée à l’instar de la Gascogne (17).

Charlemagne savait que l’entreprise pouvait se révéler audacieuse et non sans risques en raison de l’Italie et de la Saxe qui venaient tout juste d’être pacifiées (18).

Toutefois, la venue de l’ambassade lui confirma la vulnérabilité de l’émirat qui était alors enclin aux révoltes et aux conflits permanent (19).

Ajoutons qu’une incursion normande eut lieu à ce moment sur les côtes espagnoles (20). Il n’en fallut pas moins au souverain franc pour se lancer dans l’affaire. L’objectif premier de l’entreprise n’était pas religieux et n’incluait pas la conversion de musulmans à la chrétienté (21). Mais, l’intervention armée relevait plutôt d’un ordre stratégique et politique (22).

Pourtant, Charlemagne écrivit une lettre (23) au Pape Hadrien en vue de justifier son action future. Une missive dans laquelle il affirmait que son intervention en Espagne était dans un but précis ; celui de libérer les chrétiens espagnols opprimés (24) et surtout, afin de répondre à la menace sarrasine qui pesait sur le royaume franc.

Une chapelle ou un tombeau près du Pas de la Roque le vrai Roncevaux
Une chapelle ou un tombeau près du Pas de la Roque – Johan Netchacovitch ©

La campagne d’Espagne

L’entreprise, décidée semble t-il fin 777, fut de grande ampleur. L’armée a été convoquée lors du plaid de 778. Les troupes présentes étaient en nombre considérable ; tout comme ce fut le cas en 773 pour l’Italie.

D’ailleurs, les défenses frontalières ont été dégarnies pour l’occasion (25). Et, les préparatifs terminés, ce sont deux armées qui se dirigèrent vers le sud et qui traversèrent les Pyrénées (26).

La première, dirigée par Charles (27), passa à l’ouest et elle comptait dans ses rangs des Neustriens et des Aquitains (28). Elle descendit par la Gascogne (29) sur la ville de Pampelune (30), alors gardée par des Navarri. Les Navarrais agissaient pour le compte des Banû Qasî, maîtres de Pampelune, qui remirent à Charlemagne des otages, ainsi que les clés de la ville et renouvelèrent aussi leurs promesses (31).

Pendant ce temps, le second contingent, composé d’Austrasiens, de Bourguignons, de Bavarois, de Lombards, de Provencois et de Septimaniens (32), passa les Pyrénées par l’est via le col du Perthus (33) en vue d’atteindre Barcelone, Gérone et Huesca (34). Les deux forces armées firent jonctions sous les murs de Saragosse, qui jusque-là avait été aux mains de Sulayman (35).

Mais, de manière inattendue al-Husayn, l’allié d’al-Arabi, prit possession de la cité, profitant de l’absence de ce dernier à Pampelune.

Mieux encore, Al-Husayn refusa d’ouvrir les portes de la ville aux carolingiens (36). Et, ceux-ci furent contraints d’assiéger la ville, alors qu’ils n’avaient guère emmené avec eux le matériel nécessaire à un tel dessein (37). Bien que selon Ibn al-Arabi, Saragosse était sur le point de capituler (38), Charlemagne dut abandonner a campagne qu’il avait menée jusqu’à présent et il dut battre en retraite de manière précipitée.

Il semblerait que plusieurs faits simultanés soient à l’origine de ce départ hâtif.

D’une part, l’armée carolingienne commençait à souffrir de la chaleur et manquait de ressources (39). Ensuite, Charlemagne ne faisait plus confiance à ses alliés espagnols à la suite des derniers événements (40).

D’autre part, l’émir Abd al-Rahmân levait une armée importante en vue de reprendre la Marche supérieure (41). Et plus grave, les Saxons se soulevaient à nouveau, profitant de la situation pour lancer des raids jusqu’au Rhin (42).

Le repli de l’armée franque dut s’opérer rapidement et c’est vers Pampelune qu’il s’accomplit parce que les Banû Qasî s’y sont fortifiés (43). Charles connaît l’importance stratégique de la ville qui lui avait été concédée dès son arrivée en Espagne (44). Pampelune fut reprise rapidement, les Banû Quasî en fuite, et ses murs furent rasés afin d’éviter les possibles invasions et rébellions futures d’une ville qui vient tout juste de se soumettre, ou encore de permettre un futur retour franc plus aisé dans la région (45). La cité laissée au mains des Navarrais, l’armée franque poursuivit son chemin de retour, en terre chrétienne (46), en direction des cols pyrénéens.

Ajoutons que Sulayman, otage, fut enlevé par ses fils (47) lors du replis carolingien. Toutefois, cet enlèvement dont nous savons peu de chose et qui fut associé longtemps à l’affaire de Roncevaux (48), semble ne pas être lié à l’événement dont nous allons maintenant parler.

Le 15 août 778

Notons que diverses thèses aussi diverses que variées existent sur le chemin emprunté lors du repli de l’armée franque et sur le lieu de l’embuscade. Nous retenons parmi celles-ci l’hypothèse de la voie romaine et chemins environnant qui traversent les Pyrénées depuis Pampelune jusque Saint-Jean-le-Vieux, non loin de Roncevaux, du col Lepoeder et d’Ibaneta (49).

Les sources carolingiennes, outre celles qui ne mentionnent pas les événements, nous renseignent peu sur les faits (50). Et ce n’est pas un hasard, vu la dimension et le ressenti que dut avoir l’embuscade pour les Francs (51).

Mais, semble-t-il, seule l’arrière-garde a été touchée (52) lors de l’embuscade tendue par les Basques (53) en un lieu propice pour un tel dessein (54). L’arrière-garde carolingienne s’allongeait en raison de l’étroitesse du lieu, des convois et des troupes qui la composaient (55), à la tête de laquelle se trouvaient le sénéchal Eggihard (56), le comte du palais Anselme (57) et Roland (58), préfet de la Marche de Bretagne (59).

Il apparaît que l’entièreté de l’arrière-garde fut décimée lors du guet-apens, bien que celle-ci fut en nombre et mieux équipée. La manoeuvre basque dut se dérouler dans une surprise totale, de façon rapide et dans la débandade la plus complète (60). Les Basques profitèrent de l’agitation pour s’emparer du contenu des charrois et repartirent tout aussi vite qu’ils avaient surgi, ne laissant pas aux Francs l’occasion de se venger (61).

Les suites

Le désastre de l’arrière-garde franque fut douloureusement ressenti à la cour, laissant aux francs un goût amer (62).

Et, dans l’immédiat, en vue de contrer les saxons, Charles s’avança vers le nord avec son armée et il rejoignit en chemin sa femme au palais de Chasseneuil ainsi que ses deux jumeaux nouveaux nés (63).

Mais, il est trop tard pour qu’une campagne en Saxe ait lieu ; les dégâts sont considérables et les Saxons se sont déjà dispersés. Seuls quelques groupes saxons ont été rattrapés et massacrés par les troupes légères franques, les Scarae (64).

Par la suite, Charlemagne réorganisa son royaume, notamment via le capitulaire dit de Herstal (65). De plus, il prit des disposition vis-à-vis du particularisme aquitain et nomma son fils dernier né, Louis, à la tête d’un nouveau royaume, celui d’Aquitaine en vue d’empêcher de possibles rébellions consécutives au désastre de 778. Le couronnement de Louis eut lieu à Rome en 781.

Mieux encore, en Bretagne, il fut nécessaire d’endiguer les troubles qui couvaient en 786 par l’envoi d’une armée sous les ordres du sénéchal Audulf afin de rétablir la souveraineté franque sur les Bretons, ainsi que de les contraindre à verser le tribut annuel exigé. C’est également à ce moment que la Marche bretonne fut réorganisée (66).

Mais la Bretagne ne tomba véritablement dans l’escarcelle franque qu’à partir de 799 lorsque les chefs bretons vaincus livrèrent leurs armes gravées à leurs noms au nouveau préfet de la Marche, le comte Gui (67).

Une autre conséquence de la défaite fut l’immigration d’Hispani chrétiens en Septimanie (68). Et qui plus est, les Basques ne cessèrent de s’insurger contre une quelconque autorité, tant musulmane que franque (69).

Bien que Charles ne revint plus personnellement en Espagne, il chargea son fils Louis de protéger le royaume des musulmans depuis l’Aquitaine. Nous pouvons penser que Charles retint la leçon (70).

La marche supérieure de l’Emirat fut reconquise par l’armée qu’avait levée Abd al-Rahmân au bout de plusieurs campagnes menées contre la rébellion et al-Husayn (71). Saragosse assiégée lourdement tomba aux mains de ce dernier et al-Husayn fut exécuté (72).

Dans un premier temps, en vue d’une trêve, Charles renvoya le général captif Talaba à son émir. Mais, à partir de 785, Louis et ses hommes, profitant de nouvelles agitations, s’emparèrent des villes de Geronne, Cerdagne et Urgel (73). Toutefois, les troupes de l’émir répondirent à l’invasion et en 791, elles ripostèrent jusqu’à Narbonne où, en 793, une défaite fut infligée au franc Guillaume d’Orange (74).

A cela s’ajoute qu’en 796, l’émir Hisham Ier (75) mourut et, pour cette raison, les insurrections reprirent immédiatement afin de contester la nouvelle autorité qui se présenta à Cordoue. Les rebelles dont certains sont les oncles du nouvel émir Abul-Asi al Hakam, vinrent trouver un appui auprès de Charles qui ne s’aventura finalement pas dans l’affaire (76).

Finalement, à travers Louis, les Francs prirent à nouveau pied au sud des Pyrénées jusqu’à ce qu’une Marche d’Espagne (77) fut créée en 801 après la prise de Barcelone (78).

Pierre qui obstruait l'entrée de la chapelle ou du tombeau de Roland à Roncevaux
Pierre qui obstruait l’entrée de la chapelle ou du tombeau – Johan Netchacovitch ©

Conclusions sur Roncevaux

En guise de conclusion, nous pouvons estimer que l’état de la question n’a que très peu changé depuis le colloque de 1978 à Saint-Jean-Pied-de-Port.

La problématique que nous avons traitée ci-devant nous a été essentiellement rapportée par l’oeuvre de l’historien français Robert-Henri Bautier, lequel explique à la fin de son article que Charlemagne n’eut vraisemblablement pas de grande ambition hispanique suite à l’embuscade du mois d’août 778, et à plus forte raison, à cause des Basques qui, révoltés constamment contre une quelconque domination, formaient une perpétuelle zone tampon entre le royaume franc et la péninsule ibérique (79).

Ajoutons que la Chanson de Roland contribua intrinsèquement au retentissement et à la mémoire qu’eut et possède toujours l’affaire du 15 août 778. En effet, il ne s’agit pas là du seul échec cuisant que connu Charlemagne. Ainsi, en 782, lors d’une révolte saxonne, son armée fut anéantie non loin de la Weser et les pertes étaient alors bien plus considérables qu’en 778 (80).

En outre, malgré l’approbation scientifique apparente en ce qui concerne les événements, les divergences d’opinions persistent encore. Nous pouvons aisément le constater par les thèses diverses se rapportant au lieu de la défaite et à ses acteurs car ce sont là deux zones nébuleuses sujettes à la contestation.

Toutefois, l’historien est tributaire de ses sources et quand les preuves cautionnant ou infirmant une théorie viennent à manquer, il serait aisé de céder aux multiples suppositions qui nous sont offertes plutôt que d’accepter l’existence d’une inconnue.

Dès lors, quand cela était nécessaire, nous avons privilégié autant que possible les faits et les observations qui en découlaient afin d’éclaircir les imprécisions qui se présentaient sans oublier de les mentionner.

Pour cette raison, nous avons préféré l’établissement d’un état des connaissances actuelles sur la question du guet-apens plutôt que d’émettre un avis personnel sur le sujet en nous basant principalement sur l’article de Bauthier.

Mise à jour 29 novembre 2021, 7 octobre 2013, Jean-Noël Rolland ©


Notes sur Roncevaux

1 La date exacte de l’embuscade : le samedi 15 août 778, jour de l’assomption, nous est connue par l’épitaphe d’Eggihard (Aggihardus, Eggihardus), sénéchal de la Cour. « Aggihardus […] qui obiit die XVIII Kalendas Septembris in pace feliciter ». Dans : MOIGNET G., La Chanson de Roland, Paris, Bordas, 1969, p. 291. Cette épitaphe est conservée dans un recueil du IXe siècle. Ajoutons qu’une étude y est consacrée : LOUIS R., « Á propos de l’épitaphe métrique d’Eggihard, sénéchal de Charlemagne », in Studi in onore di Italo Siciliano, 1966, p. 687-710.
2 La mise par écrit de la Chanson de Roland semble, selon les spécialistes, dater de la fin du XIe siècle. Dans : MINOIS G., Charlemagne, Éditions France Loisirs, Perrin, Paris, 2010, p. 35.
3 DUBY G.(dir.), Une histoire du monde médiéval, 2e éd., Paris, Larousse, 2008, p. 223. ; SUARD F., Roland ou les avatars d’une folie héroïque, Clamecy, Klincksieck, 2012, p. 14.
4 RICHÉ P., Charlemagne, Paris, Librairie Académique Perrin, 1996, p. 35-36.
5 Annales regni Francorum inde ab a. 741 usque ad a. 829, qui dicuntur Annales Laurissenses maiores et Einhardi, KURZE F., PERTZ G.H. (éd.), in Monumenta Germaniae Historica (M.G.H.), Scriptores rerum Germanicarum in usum scholarum separatim editi (SS rer. Germ.), Hannovre, vol. 6, 1895, a. 777, p. 48.
6 Il s’agit d’une ville allemande à l’est du Nordrhein-Westfalen, située sur la source même de la rivière Pader, dans la vallée de Lippe, à l’ouest de la Weser. « Point central d’où on peut rayonner sur toute la Saxe occidentale. Charlemagne va en faire peu à peu l’une de ses résidences favorites ». Dans : MINOIS G., op. cit., p. 258.
Ses toponymes les plus couramment rencontrés dans les sources sont : Paderbrunnen, Padesbrunnen, Padresbrunna, Patresbrunna, Padarbrunna. Dans : Annales regni Francorum, op.cit.,a. 777, p. 48.
7 Seul Widukind résistait encore. Il trouva refuge chez le roi danois Siegfried. MINOIS G., op. cit., p. 259.
8 BAUTIER R.-H., « La campagne de Charlemagne en Espagne (778). La réalité Historique », in Recherches sur l’histoire de la France médiévale. Des Mérovingiens aux premiers Capétiens, 1991, p. 5.
9 Ainsi, de nombreux chefs saxons furent baptisés lors de leur soumission. Et, en même temps, des garanties furent concédées telles que la confiscation des propriétés et des libertés des chefs saxons s’ils récidivaient. Dans : MINOIS G., op. cit., p. 258.
10 BAUTIER R.-H., op.cit., p. 3.
11 Sulayman ibn Yaksân al-Arabi, wali (gouverneur) de Saragosse, dit Ibinalardi ou Ibinalarabi avec qui nous retrouvons le fils de Yûsuf (Withseui) et le gendre de ce dernier. Annales regni Francorum, op.cit., a. 777, p. 48.
12 A la tête duquel nous trouvons Abd al-Rahmân, contre lequel des chefs de l’al-Andalus, d’origine yéménites, se sont soulevés en 774 et en 777 via la prise de Barcelone, Gérone et Saragosse.
Outre les dignitaires reçus à Paderborn, nous connaissons également al-Husayn ibn Yahyâ al-Ansârî, également en conflit avec Cordoue, qui s’empara de Saragosse et fut à l’origine de l’échec de la campagne espagnole menée par Charlemagne.
Et également, Abû Tawr, un des Banû Qasî, famille « indigène » d’origine goth convertie à l’Islam, tenant la ville de Huesca et active aux régions frontalières. Abû Tawr (Habitaurus, Abutaurus ou encore Apotaurus dans les sources) accueillit Charlemagne à Pampelune et lui remit des otages.
LÉVI-PROVENCAL E., Histoire de l’Espagne musulmane. La conquête et l’émirat Hispano-Umaiyade, 2e éd. t.1, Leiden ; Paris, E.J. Brill ; G.P. Maisonneuve, 1950, p. 118-123; BAUTIER R.-H., op.cit., p. 6-9.
13 MUSSOT-GOULARD R., Roncevaux. Samedi 15 août 778, Paris, Perrin, 2006, p. 61-63.
14 Annales Mettenses priores, SIMSON B. (éd.), in M.G.H. SS rer. Germ., Hannovre, vol. 10, 1905, a. 777, p. 66.
15 BAUTIER R.-H., op.cit., p. 5.
16 Abd al-Rahmân envoya son général Talaba, mais ce dernier tomba aux mains de Sulayman. Cependant ce dernier était en mauvaise posture parce que l’émir préparait la levée d’une nouvelle armée. Alors, il partit quérir l’aide franque. MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 61.
17 De la sorte, le nord-ouest de l’Espagne et les Pyrénées centrales auraient acquis cette particularité. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 9. ; MINOIS G., op. cit., p. 259.
18 BAUTIER R.-H., op.cit., p. 10. ; MINOIS G., op. cit., p. 259-260. ; MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 62-63.
19 BAUTIER R.-H., op.cit., p. 10.
20 Une action derrière laquelle il nous serait possible de déceler l’influence de Widukind qui, nous le rappelons, s’était réfugié au Danemark. MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 63.
21 Une motivation que l’on retrouve dans la Chanson de Roland et qui apparaît à l’aube des premières croisades et également dans le contexte de la Reconquista espagnole. MINOIS G., op. cit., p. 259.
22 Tout comme la campagne italienne de 773-774 et de 776, il s’agit d’une volonté d’accroître le territoire franc. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 10-11.
23 Seule la réponse papale est encore conservée. Il est intéressant d’y constater, outre les voeux respectueux de victoire envoyé par le Pape, que ce dernier se préoccupe davantage des possessions qui lui ont été promises en Italie. Codex Carolinus, GUNDLACH W. (éd.), in M.G.H., Epistolae (Epp.), Merowingici et Karolini aevi, III, Berlin,vol. 8, 1892, n°61, p. 588.
24 Annales Mettenses priores, op. cit., a. 778, p. 66.
25 Les frontières saxonnes ont été dégarnies ce qui, nous le verrons, fut fatal pour l’expédition puisque ceux-ci en profitèrent pour se révolter et envahir les territoires francs jusqu’au Rhin.
De plus, la présence de Roland, préfet de la marche de Bretagne lors de la campagne, nous révèle qu’il n’a pas hésité non plus à dépouiller le front breton. Tous les territoires du royaume furent concernés. Même les lombards et les bavarois sont convoqués ; cela dénote de l’organisation franque et des dispositions qui furent prises. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 11. ; MINOIS G., op. cit., p. 265 ; MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 65.
26 La tactique de la tenaille ici appliquée fut la même en 774. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 11-12.
27 Le souverain s’était rapproché du théâtre des opérations en passant la Pâques 778 à Chasseneuil, non loin de Poitiers, où il laissa sa femme enceinte des jumeaux Lothaire, qui ne vécut pas longtemps, et de Louis, futur roi d’Aquitaine et futur empereur sous le nom de Louis le Pieux. MINOIS G., op. cit., p. 264.
28 BAUTIER R.-H., op.cit., p. 12.
29 Cette information aura son importance par la suite dans les événements qui entourent le guet-apens de Roncevaux. Nous possédons peu de sources sur la situation en Gascogne, terre des Wascons. Au demeurant, nous savons qu’en 769, le duc Loup fut dans l’obligation de livrer à Charlemagne le chefs des révoltés aquitains qui avaiten trouvé refuge auprès de lui. Idem, p.12-13.
30 Non pas en vue de s’emparer de la ville, mais de s’assurer de sa soumission. LEJEUNE R., « Localisation de la défaite de Charlemagne aux Pyrénées en 778, d’après les chroniqueurs carolingiens », in Publicacions des la Facultad de Filosofia y Letras, série II, n°3, 1956, p. 83. (Separata de « Coloquios de roncesvalles, Agosto 1955 » Zaragoza, 1956).
31 Nous savons que Sulayman al-Arabi et Abû Tawr sont présents. En outre, Abû Tawr livra son frère et son fils à Charles en guise de garanties. MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 67.
32 BAUTIER R.-H., op.cit., p. 11-12.
33 LEJEUNE R., op.cit., p.85.
34 Nous ne savons guère plus sur le sort de « l’armée orientale » qui, vraisemblablement, ne rencontra pas de résistance à Barcelone et dans les autres villes puisque celles-ci étaient tenues par Sulayman al-Arabi. BAUTIER R.-H., op. cit., p. 12.
35 Par ailleurs, en gage de soumission de Saragosse, celui-ci avait livré à Charlemagne, Talaba, le général de l’émir qui fut fait prisonnier lors d’un siège de la ville. Diverses sources arabes relatent les événements mais dans une chronologie différente. En outre, ces dernières placent de façon erronée la campagne carolingienne en 780-781 (année de l’Hégire 164) et non en 778. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 14-15.
36 Idem, p. 15-16 ; MINOIS G., op. cit., p. 266.
37 Saragosse possédait des fortifications importantes. D’ailleurs, l’émir qui plus tard fit subir le siège à cette cité, dut l’entreprendre avec des moyens considérables. LÉVI-PROVENCAL E., op. cit., p. 124.; MINOIS G., op. cit., p. 266. ; BAUTIER R.-H., op.cit., p. 16.
38 LÉVI-PROVENCAL E., op. cit., p. 124.
39 MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 68.
40 Charlemagne fit prisonnier Sulayman sur le champ, non confiant des alliances passées avec les rebelles musulmans. Ibidem ; BAUTIER R.-H., op.cit., p. 16.
41 L’Al-Andalus, future Andalousie. Ibidem.
42 Nous rappelons que les garnisons frontalières ont été amoindries en vue de la campagne espagnole. Vraisemblablement, la rébellion commença au mois de mai 778. Charlemagne obtint l’attestation de l’ampleur du désastre à son retour à Auxerre. RICHÉ P., op.cit., p. 33. ; BAUTIER R.-H., op.cit., p. 16.
43 MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 68.
44 En effet, en 732, les troupes musulmanes se rallièrent à Pampelune en vue de perpétrer l’invasion qui visa Tours et se solda par l’affrontement non moins célèbre de Poitiers LÉVI-PROVENCAL E., op. cit., p. 60.
45 BAUTIER R.-H., op.cit., p. 19-21. ; MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 69.
46 Il s’agit de la Navarre chrétienne. L’armée franque dut s’y sentir plus en sécurité. Idem, p. 74.
47 Matruh et ‘Aysun. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 17.
48 Roncevaux n’apparaît pas comme une entreprise arabe. De plus, le général Talaba a été emmené en France avec Charles en tant qu’otage. Ce n’aurait pas été le cas s’il avait été dans l’arrière-garde avec Sulayman à Roncevaux. Mieux encore, en toute logique, les prisonniers auraient été emmenés avec Charles, au plus près de lui, au coeur de l’armée, en raison de l’importance des captifs qui sont assimilés à de véritables garants de sécurité et à de la monnaie d’échanges. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 18-19.; MINOIS G., op. cit., p. 266.
49 Dans ce travail, nous ne tergiverserons pas des diverses possibilités géographiques existantes, surtout qu’aucun toponyme n’est mentionné dans les écrits en ce qui concerne le lieu du traquenard. Tout au plus, nous possédons quelques informations sur la physionomie du lieu. Nous retiendrons plutôt les événements du 15 août 778. Si nous devions émettre un avis, nous rejoindrions celui de l’historien Menéndez Pidal que Bauthier rectifia légèrement. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 21-28.
50 Il en est fait mention dans la version révisée des Annales royales et davantage dans la Vita Karoli d’Éginhard. Annales regni Francorum, op.cit., a. 777, p. 51; ÉGINHARD, Vie de Charlemagne, HALPHEN L. (éd.), in Éditions Honoré Champion, Paris, 1923, p. 28-31. ; EINHARDUS, Vita Karoli Magni, PERTZ G.H., WAITZ G.(éd), in M.G.H. SS rer. Germ., Hannovre, vol. 25, 1911, p. 12-13. ; MINOIS G., op. cit., p. 266.
51 L’attaque s’est déroulée en territoire franc, là où ils pensaient être en sécurité. MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 74. En outre, en 840, les faits semblaient toujours amers pour que l’Astronome prit la décision de nous en parler et également, de ne pas nommer les victimes, encore « célèbres » à l’époque. Et ce serait justement la notoriété des victimes qui aurait essentiellement contribué à l’impact qu’eut l’événement sur leurs contemporains. De plus, il s’agissait de la première « défaite » de Charlemagne. MINOIS G., op. cit., p. 268.
52 Ce qui pourrait expliquer que de nombreuses annales ne mentionnent pas l’événement. De plus, aucun élément archéologique n’a été mis au jour jusqu’à présent. Mais les scientifiques pensèrent longtemps que les faits avaient été minimisés par Éginhard. Alors que ce dernier y consacre une partie non négligeable de sa Vita. Aussi, la manière d’interpréter les événements du 15 août 778 a souvent été influencée par la Chanson de Roland. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 30 ; MINOIS G., op. cit., p. 268.
53 Wascones dans les sources. Il s’avère que les Navarrais ont fait preuve de soumission à Pampelune et dès lors, n’apparaissent pas comme des acteurs de l’attaque. Il est aussi estimé que cela n’est en rien l’oeuvre des Hispano-Basques, étant donné le bénéfice apporté par une campagne franque envers leurs opposants musulmans communs. Et, qui plus est, victimes des raids sarrasins, ils se réfugièrent dans le royaume franc. Toutefois, il en est tout autrement pour les Basques du nord, prompts à la révolte. Ceux-ci semblent tout désignés pour être les protagonistes de l’embuscade. Nous rappelons notamment que Loup II, sous pressions franques, fut obligé en 769 de livrer Hunaud d’Aquitaine, son allié. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 36-37. Des basques qui refusent tant l’autorité franque que wisigothique. RICHÉ P., Les Carolingiens. Une famille qui fit l’Europe, réédition, Paris, Librairie Arthème Fayard/Pluriel, 2010, p. 137.
54 Une route bordée de bois avec un promontoire rocheux d’où l’attaque aurait été lancée. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 28-29. LÉVI-PROVENCAL E., op. cit., p. 124.
55 Il est fait mention de chariots chargés de butins. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 29. ; MINOIS G., op. cit., p. 269.
56 Sa tâche relevait de l’approvisionnement de la table royale. Ainsi, nous pouvons expliquer sa présence avec les bagages et les vivres à l’arrière. Nous rappelons que la conservation de son épitaphe permit la datation de l’embuscade. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 30-31 ; MINOIS G., op. cit., p. 268.
57 Anselme en tant que comte du palais se chargeait de l’administration de ce dernier. Il détenait également une autorité dans le domaine judiciaire ; cela nous est attesté par quelques diplômes. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 30. ; MUSSOTGOULARD R., op.cit., p. 84.
58 Nous savons peu de choses sur lui, si ce n’est qu’il était comte. Sa nomination en tant que « marquis » peut être explicitée par son appartenance à une famille influente. A plus forte raison, trois pièces de monnaie renforcent cette hypothèse car rare sont les comtes qui bénéficient de l’autorisation de frapper une monnaie où apparaissait leur propre nom. Avant d’être affecté en Bretagne, il aurait détenu un poste à l’est du royaume carolingien. Son nom apparaît également dans un diplôme arbitrant un conflit judiciaire à Herstal en 772. Ajoutons aussi, qu’il dut participer à la campagne de Saxe puisque c’est précisément à Herstal qu’elle fut prescrite la même année. Enfin, son nom pourrait être relié au clan des Chrodoïnides, famille influente de l’entre Moselle et Somme; et ce jusque dans nos régions (Amay). Une famille qui était déjà proche des mérovingiens. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 32-36.
59 Il s’agit de le première mention de la Marche bretonne dans le sources. Elle englobait les comtés de Rennes, de Nantes (comté détenu par le préfet/marquis), de Vannes et le pays de Retz. Nous rappelons que Charlemagne n’hésita pas à dégarnir les frontières de son royaume pour l’expédition d’Espagne. LEVILLAIN L., « La Marche de Bretagne, ses marquis et ses comtes », in Annales de Bretagne, t. 58, n °1, 1951, p. 90-91.
60 Effet de surprise oblige. RICHÉ P., op. cit., 1996, p. 35.
61bBAUTIER R.-H., op.cit., p. 29-30.
62 Quoi de plus cuisant qu’une atteinte au prestige royal à une époque où la réparation et la vengeance sont assimilés au droit. MINOIS G., op. cit., p. 270.
63 Un seul survécu, le futur empereur Louis le Pieux, qui, nous le verrons, a reçu le couronne d’Aquitaine en 781. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 43.
64 MINOIS G., op. cit., p. 270-271.
65 Un des textes législatifs les plus célèbres du futur empereur. Idem, p. 271.
66 D’ailleurs, la restructuration de la Marche permit aux scientifiques de mieux comprendre sa structure. LEVILLAIN L., op. cit., p. 91.
67 Dès lors, par ce geste, les chefs bretons se soumirent entièrement à Charles avec leurs propriétés. Idem, p. 94.
68 Ceux-ci échappaient à la reprise territoriale menée par l’Emirat. Nous avons fait une légère allusion du phénomène d’immigration précédemment au point 53 par la mention d’un exode hispano-basque. RICHÉ P., op. cit., 2010, p. 137.
69 BAUTIER R.-H., op.cit., p. 46.
70 Ibidem.
71 En attendant, celui-ci avait fait assassiner al-Arabi sur ordre de l’émir en vue de garder Saragosse sous son autorité. Cependant, lorsque Abd al-Rahmân retourna à Cordoue, il se rebella à nouveau. LÉVI-PROVENCAL E., op. cit., p 126-127.
72 En effet, l’émir vint personnellement assiéger la ville. Une trentaine d’armes de siège furent destinées à ce dessein. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 44.
73 RICHÉ P., op. cit., 2010, p. 137.
74 La légende s’empara aussi de l’événement bien que l’épisode eut une fin moins tragique car Guillaume put se retirer au monastère de Gellone. RICHÉ P., op. cit., 1996, p. 36.
75 Fils et successeur d’Abd al-Rahmân. BAUTIER R.-H., op.cit., p. 46.
76 Une situation comparable à celle de 778 se présenta à Charles. Abd-Allâh et un dénommé Zatûn firent le chemin jusque Aix-la-Chapelle. Ibidem.
77 Cette Marche était constituée de huit comtés dont le premier fut établi autour de Barcelone et dont le premier préfet fut Bera qui était d’origine wisigothique. MUSSOT-GOULARD R., op.cit., p. 91.
78 Dont le siège dura près de deux ans. MINOIS G., op. cit., p. 511-513 ; RICHÉ P., op. cit., 1996, p. 36.
79 BAUTIER R.-H., op.cit., p. 47.
80 Cette fois-ci, les annales royales mentionnèrent les événements et les présentèrent non pas comme une défaite mais telle qu’une courageuse victoire. A noter que l’illogisme nous apparaît directement dans la suite de la lecture puisque, Charlemagne dut poursuivre les Saxons et en exécuter. Mais les gestes épiques ne s’emparèrent pas de l’événement. MINOIS G., op. cit., p. 288-291.


Bibliographie sur Roncevaux

Sources

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Instruments de travail sur Roncevaux

Bibliographie Annuelle de l’Histoire de France (BAHF), Paris, Centre National de Recherche Scientifique (CNRS). Volumes consultés de 1978 à 2009.


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