Le grand parchemin de Rennes-le-Château son origine et son créateur

Tipeee pour la Gazette de Rennes-le-Château

Le saut du cavalier décrypte le grand parchemin

Beaucoup d’entre vous connaissent la méthode qui permet de décoder l’ensemble des 128 lettres intercalées dans le texte de Jean, chapitre XII afin de parvenir à la phrase « BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J’ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES BLEUES» et de créer le grand parchemin, mais peu se sont intéressés à l’une des phases qui consiste à se déplacer sur l’échiquier de lettres par la méthode du cavalier. Passons dans les arcanes

Il existe deux grandes catégories de déplacement du cavalier. Dans la première, le parcours est dit « ouvert » ; dans la seconde, il est qualifié de « fermé » On parle aussi de « tour du cavalier ».

Dans le parcours ouvert, la case de départ (numéro 1) ne se trouve pas à un déplacement du cavalier de la case finale (64). Ainsi, par cette méthode, il existe théoriquement des millions de solutions au problème du cavalier.

Dans le parcours fermé, la case de départ se trouve à un saut de cavalier de la case finale, ce qui permet de parcourir « indéfiniment et en boucle » l’échiquier. Le nombre de solutions est moindre, mais je n’ai pas de chiffres à vous proposer.

Il faut donc savoir que, dans le cas du grand parchemin, c’est un parcours fermé qui fut choisi. Certains chercheurs ignorant cet aspect du décodage ont proposé des origines impossibles à ce déplacement. C’est le cas par exemple du déplacement ouvert que l’on trouve en page 17 de l’ouvrage “La clef des jeux d’esprit ” par Colibri chez P. Dubreuil, Paris, 1887, repris en 1891 par « Les tablettes des chercheurs ».

Le saut du cavalier mène vers le grand parchemin.

J’ai recherché sur Gallica les livres qui proposent des explications, voire des solutions au problème du déplacement du cavalier d’Euler. Ils sont très peu nombreux, notamment avant 1900.

Cependant, l’un d’entre eux a retenu immédiatement mon attention. On n’y proposait pas une méthode empirique basée sur les recherches de Warnsdorff sans aucun schéma comme les rares cas qui traitaient du sujet, mais on y expliquait en détail à l’aide d’un schéma concret, le déplacement que devait prendre le cavalier! J’ai compris alors que je venais de trouver l’explication qu’avait lue bien avant moi le créateur du grand parchemin.

« il existe au jeu d’échecs un problème curieux qui a occupé les mathématiciens … »

C’est ainsi que commence en page 680 l’article consacré au déplacement du cavalier, mais c’est en page 681 (681, vous ne rêvez pas…) que se trouvent le schéma et l’explication du déplacement fermé. Cet article se trouve dans le tome 10 de « l’Encyclopédie Catholique, répertoire universel et raisonné des sciences, des lettres, des arts et des métiers » rédigé par l’abbé Glaire et le Vicomte Walsh (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200805r/f684.item). On y retrouve le deuxième déplacement proposé par Euler dans les mémoires de l’Académie de Berlin, 1759  (http://www.bibnum.education.fr/sites/default/files/texte_euler.pdf, page 312).

Le saut du cavalier de l'encyclopédie catholique décrypte le grand parchemin.

Tout y est clairement expliqué. Le créateur du grand parchemin n’aura aucun mal à commencer le codage à partir de la 22ecase (59 sur le schéma proposé).

Vérification du décodage du grand parchemin

Il existe d’autres parcours fermés du cavalier, en voici deux proposés sur le web.

Le parcours fermé du cavalier ne décrypte pas le grand parchemin.
Parcours fermé d'Euler

Il faut donc vérifier que celui décrit dans l’Encyclopédie Catholique correspond à celui du grand parchemin !

Le saut du cavalier de l'encyclopédie catholique permet de décoder le grand parchemin.
Les grilles du saut du cavalier de Franck Marie conduisent à Bergère pas de tentation.

La comparaison se fera sur la première grille (l’autre étant symétrique). On constate bien que le parcours est identique à la grille inversée.

Le parcours du cavalier est identique dans l'encyclopédie catholique et dans l'étude critique de Franck Marie.

La « fameuse » page 681 et le grand parchemin

Nous retrouvons le nombre 681 qui figure dans la phrase « BERGERE… », et nous savons que ce nombre inversé correspond à la page 186 du codex Bezae qui servit de base pour la construction du petit parchemin. C’est à mon avis la coïncidence qui incita l’auteur des parchemins à créer son énigme car je n’envisage pas le fait que la page du codex Bezae fut choisie parce que le parcours du cavalier était présent dans cette encyclopédie à cette page.

Il existe cependant des faits mais non des liens prouvés entre certains protagonistes de l’affaire qui posent question. Ainsi Thierry Garnier de Gaillon montra que l’abbé Boudet envoya un exemplaire de La Vraie Langue Celtique au recteur de Cambridge où se trouve le codex Bezae (http://lemercuredegaillon.free.fr/gaillon27/codex_bezae_heretic.htm). Monsieur Smith , « actuel » bibliothécaire de Cambridge nous y explique qu’Henry Bradshaw s’intéressait aux langues celtiques et aurait probablement eu des contacts avec l’abbé Boudet. Quand à Monsieur Bradshaw, il est connu par ceux qui s’intéressent au codex Bezae car il est la personne qui enleva la reliure du codex et travailla sur ce dernier (https://cudl.lib.cam.ac.uk/view/MS-NN-00002-00041/1). Enfin Pierre Batiffol, le rédacteur de l’article relatif au codex Bezae que l’on trouve dans Vigouroux, dirigeait l’institut Catholique de Toulouse de 1898 à probablement 1915 et pouvait donc être en contact avec l’abbé Boudet.

Mais tous ces rapprochements n’ont absolument pas valeur de preuves.

Le seul fait est que le déplacement du cavalier est bien expliqué sur une page directement en relation avec notre affaire, et c’est pour cela que je la prends pour origine, et non celle d’Euler qui en est le modèle précurseur (page 312 de l’article présent dans les mémoires de l’académie de Berlin).

L’auteur des parchemins

Grâce à W Wilker, nous connaissons l’origine du petit parchemin, c’est-à-dire un texte issu du codex Bezae. Pierre et Papier de Cherisey nous a permis de savoir que le couple Philippe de Chérisey – Pierre Plantard ne connaissait pas l’origine du petit parchemin. Nous savons aussi que Vigouroux fut proposé après que W.Wilker fit sa découverte et que c’est dans cette bible que fut recopié le texte de base du petit parchemin. Enfin nous savons qu’à partir de Vigouroux, l’auteur des parchemins ne pouvait pas savoir que, sur la page du codex Bezae où se trouve le texte de Jean XII (base du grand parchemin) figure le plus beau des PS. Prieuré de Sion ?

Il faut donc chercher l’auteur des parchemins ailleurs.

Dans une étude j’ai montré que la phrase « BERGERE PAS DE TENTATION… » était particulièrement en relation avec LVL Celtique de l’abbé Boudet et que l’auteur en connaissait toutes les particularités (https://drive.google.com/file/d/1KUk4JcMji7m8JS5V-Kco77vTOMN-C1SR/view?usp=sharing, page 423).

Dans une autre étude sur le codex Bezae, j’ai montré que la triple erreur « περι / περη » était mise en évidence par l’expression « AD GENESARETH » que l’on trouve entre les 128 lettres.

Tout ceci montre que le créateur des parchemins avait une connaissance très poussée de La Vraie Langue Celtique et des textes religieux. Alors qui pourrait « en plus » utiliser une Encyclopédie Catholique de 1846 pour créer cette énigme ?

Pour ma part, je ne vois que l’abbé Boudet. Le nombre 186 est important pour l’abbé car il fait référence à son engagement de prêtre. C’est au Noël de 1861 qu’il devint “le disciple de Jésus” et, pour cette raison, il signa le petit parchemin par cette date en la faisant apparaitre dans le mot “DISCIPULI”.

29 décembre 2023, Jauclin ©

Les sous-titres et les liens internes sont de la Rédaction.


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