Pierre Plantard, qui êtes-vous ?

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Critique de Kris Darquis sur Pierre Plantard

L’annonce du livre de Geneviève Béduneau chez Trédaniel sur Pierre Plantard a suscité avant toute lecture des critiques et observations sur les pages FB et site de la Gazette ainsi qu’un nombre important de précommandes dans les librairies.

Le sujet visiblement ne laisse pas indifférent tant les réactions sont épidermiques chez certains. Pierre Plantard est né en 1920 et décédé en l’an 2000 soit près de vingt ans. Il n’est donc plus là pour apporter des précisions sur la genèse de sa mystification liée à l’affaire dite de Rennes-le-Château, ou répondre à ses détracteurs c’est dire si le dossier est épineux. Les chercheurs de la première génération lui reprochent de leur avoir « volé » leur histoire trésoraire pour greffer une mystification littéraire, allégorique et méta-historique qui eut pour conséquence intentionnelle ou non d’orienter les chercheurs d’une nouvelle génération dans une nasse égrégorique bien éloignée de l’affaire initiale. Les publications le concernant n’ont jamais percé les ressorts de sa personnalité et les fondements de l’histoire qu’il a monté de toutes pièces avec de vrais-faux documents. Soit ils sont à charge, soit ils lui prêtent des propos et des agissements qu’il est difficile de vérifier. Plantard reste à ce jour un mystère dans un mystère…

Geneviève Béduneau, écrivaine et conférencière reconnue avait toutes les qualités requises pour traiter le « dossier Plantard » sur demande d’un ami proche de l’éditeur Trédaniel. Titulaire d’un doctorat en théologie, elle a étudié les mythologies et les religions avec une prédilection pour les arcanes secrètes de l’histoire. Je dis avait car, malheureusement, elle est décédée brusquement en avril 2018. Beaucoup ont qualifié Plantard de mythomane et il l’était certainement pour nourrir aussi efficacement sa mystification. Son activisme littéraire, nationaliste et politique extrême-droite avant et pendant guerre documenté par des rapports de police et autres publications jettent incontestablement une lumière sombre sur l’homme Plantard. Question est de savoir quel fut réellement son activisme, a-t-il influé sur sa présence dans le Razès, sa connaissance de certains documents et l’orientation méta-historique du montage. Sur ce point précis, Geneviève Béduneau est peu diserte mais la raison en est peut-être qu’elle n’a pu mener à terme la rédaction de son ouvrage. Elle survole cette période, privilégie la tutelle intellectuelle à l’initiatique de Geneviève Zaepffel dans le parcours du jeune Plantard.

Je me permets de vous référer à un article que j’ai écrit sur le Manoir du Tertre en 2014 (Lire l’étude sur l’influence de la prophétesse Geneviève Zaepffel au manoir du Tertre). De deux choses l’une, soit l’auteure a intentionnellement fait l’impasse sur cette partie de vie, soit elle a estimé que ce n’était pas fondamental et établi une frontière entre l’homme et l’oeuvre.

Il aurait été plus approprié d’intituler ce livre Plantard par les textes car la trame est basée sur l’analyse des écrits. Ceux de jeunesse Vaincre (1942) auraient été parrainés par des membres de l’entourage des Zaepffel : George Monti, Camille Savoire figure majeure de la franc-maçonnerie et du martinisme et fondateur du grand prieuré des Gaules, Louis Le Fur, Paul Le Cour…avec pour vecteur le concept de fin d’un cycle, de changement de religion et de tradition druidique et primordiale (Atlantide) sans oublier Moncharville et sa théorie de l’origine extraterrestre de l’humanité – des éléments qui resteront en arrière-plan dans les textes à venir.

On constate que ces thématiques anciennes reviennent en force depuis quelque temps et passionnent la génération Millenials. Plantard aurait été davantage en phase avec notre époque que la sienne. Geneviève Béduneau prend plaisir à dérouler certains textes ayant pu servir de référence. Un détail a retenu mon attention : Plantard associa La Croix du Sud à des figures de déesses Isis, Déméter et Ishtar symbolisant pour lui « le départ d’une nouvelle civilisation », le mythe avant l’heure de la grande déesse qui est en train de prendre place… Plantard le pressentait-il ou bien le savait-il ? C’est un sujet d’étude personnelle actuel, j’y ai trouvé une belle synchronicité.

On en vient enfin à Gisors et à l’affaire de Rennes-le-Château. L’auteure détaille l’agencement des différents écrits par sa chronologie, son symbolisme et son interaction avec des éléments historiques, géographiques et factuels de la région. On comprend petit à petit comment s’est monté le puzzle à coup de cubes magiques, cosmogonie, astrologie, mythologie… où le tarot est un atout majeur ! L’auteure a fait un remarquable travail de décryptage notamment celui du Serpent Rouge. Ce fut un bon roman la « belle histoire » demeure un égrégore fonctionnant à plein régime.

Dans le dernier chapitre Geneviève B. abordait justement l’aspect égrégorique susceptible de se renforcer par lui-même, un noeud essentiel de l’affaire. Elle n’a pu achever ce chapitre.

Gino Sandri fut chargé de rédiger une postface en conclusion. Les préfaces de ce dernier et l’avant-propos de Bernard Fontaine délivrent des informations surprenantes pour les non-initiés sur des cénacles agissant dans les coulisses. En filigrane, on y trouve un antagonisme traversant structures initiatiques et néotemplières, des lieux tels que Lyon, Genève, Arginy, des figures telles que George Monti, Jacques Breyer, Vincent Planque, Robert Ambelain et même un certain Aleister Crowley (!).

Je terminerai par une phrase de l’avant-propos : “Geneviève Beduneau était persuadée qu’un égrégore avait bien été formé dans la région de Rennes-le-Château mais que depuis la mort de Pierre Plantard, il n’était plus contrôlable” (B. Fontaine)
Bien inspiré qui pourra prédire quelle forme prendra ce golem médiatique et égrégorique dans les années à venir. (Kris Darquis)

Critique de Johan Netchacovitch

Nous reviendrons sur les préface, avant-propos et postface liées à Pierre Plantard !

Le début de cette étude se veut érudit, les références littéraires, ésotériques et linguistiques abondent et étayent l’analyse de Geneviève Beduneau.

Le style est fluide et littéraire, la lecture agréable.

D’emblée, l’auteure énonce la problématique d’une étude sur Pierre Plantard, adulé par les uns, honni par les autres. Mais, au-delà de ce constat que nous avons pu remarquer dès l’annonce de la sortie de ce livre via notre site et Facebook, elle affirme avec force une évidence : sans Pierre Plantard, pas de livres de Gérard de Sède sur Gisors, Rennes-le-Château, Stenay (je vous conseille l’article d’Al Sufi à la recherche des diables sur la commune de Stenay)…, pas la veine anglo-saxonne des Lincoln, Leigh et Baigent via « L’Enigme Sacrée » et « Le Message », pas de Dan Brown avec l’abbé Saunière Da Vinci Code, etc. Rennes-le-Château réduit à un fait régional oublié depuis des décennies, pourrions-nous ajouté…

L’auteure a choisi une approche plus synchronique que chronologique utile à la compréhension des thèmes développés avec une grande constance depuis la fin de son adolescence par Pierre Plantard.

Dès l’introduction, elle définit le mythe qui « est un mode de pensée qui s’oppose mais interagit aussi avec cet autre mode de pensée qu’est le mode logique ou rationnel et non un irréel opposé au réel. » Quand on se souvient des références mythiques dans les écrits de Pierre Plantard, cette définition augure une analyse détaillée…

Pierre Plantard et Geneviève Zaepffel

Geneviève Zaepfell au manoir du Tertre
Portrait de Geneviève Zaepffel au manoir du Tertre

Les liens entre Geneviève Zaepffel et Pierre Plantard sont envisagés mais, comme ses devanciers, l’auteure en est réduite aux supputations. Elle édite les dossiers de police concernant la médium et ne cache pas sa propagande anti-française, sa volonté de rapprochement entre la France et l’Allemagne et son pacifisme. Lire la biographie de Geneviève Zaepffel.

“VAINCRE”

Les deux premiers numéros de la revue “Vaincre” sont analysés en détails. Les rédacteurs sont présentés ; tout cela pour en arriver à l’affirmation que “la qualité des contributeurs suggère que Plantard ne fut qu’un prête-nom ou, du moins, qu’il était très solidement parrainé.”

Dès le numéro 1 de la revue, Geneviève Beduneau constate que Pierre Plantard est en adéquation avec les ésotéristes de son temps quant au changement de religion dominante lié au passage d’une constellation à l’autre.

Autre curiosité qu’elle découvre, celle que tous les nombres sont codés ou pourraient servir de base à des codages… Elle en donne d’ailleurs plusieurs exemples. Mieux encore, elle dévoile qu’un message est envoyé aux Théosophes !

Dès ce numéro, on retrouve presque tout ce qui alimentera les documents du Prieuré de Sion. Lire à ce propos la présentation et les documents du Prieuré de Sion.

Le numéro 2 est un éloge à la chevalerie et regroupe les signatures du Tout-Paris occultiste. On y retrouve le thème de l’Atlantide lié à la Bretagne et “allusion claire à Geneviève Zaepffel”.

Les années 50, Annemasse, CIRCUIT

Plantard se marie, s’installe à Annemasse et travaille comme dessinateur industriel. Son initiation à la loge de L’Avenir de Chablais et son exclusion 2 ans et demi plus tard sont racontées. Il sera emprisonné 6 mois pour abus de confiance fin 1953, 1954.

En 1956, il fonde un nouvel ordre Prieuré de Sion – CIRCUIT, acronyme de Chevalerie d’Institution et Règle Catholique et d’Union Indépendante Traditionnaliste. L’auteure en donne les différentes définitions puis se lance dans diverses explications sur les articles de CIRCUIT de septembre 1959 d’où n’émergent nulles certitudes… C’est bien là le problème de l’exégèse.

N°1 de CIRCUIT

Les templiers sont parmi nous ou l’Enigme de Gisors

En 1962, via la plume de Gérard de Sède, Pierre Plantard sort timidement de l’ombre puisqu’interrogé à la fin du livre sans être nommé, si ce n’est sous l’appellation Le point de vue d’un hermétiste.

Lire à ce propos l’histoire du Prieuré de Sion !

Geneviève Beduneau consacre presque le quart de son livre à une explication de ce point de vue et à sa version longue dans un opuscule peu connu Gisors et son secret. La méthode est érudite, les références historiques et bibliographiques sont nombreuses… mais, trop souvent, les preuves manquent, les points d’interrogation et le mode conditionnel ponctuent trop de sous-chapitres. Nous sommes dans le registre de l’interprétation… Il faudrait prendre garde de ne pas vouloir être intelligent à la place de “l’hermétiste” Plantard.

Changement radical ensuite ! Dans le sous-chapitre L’orme fut coupé, celui de Gisors, l’auteure se veut plus claire éloignée d’une interprétation hypothétique. “… aux profanes prêts à rêver, Plantard parle d’aventures médiévales et, aux initiés, de la querelle qui n’a cessé depuis la rupture de l’OTO (Ordo Templis Orientis NDLR) d’agiter le petit monde de l’ésotérisme, opposant… Robert Ambelain et Aleister Crowley.”

Par rapport aux trois chariots sacrés, même précision : “Plantard reprend toutes les thématiques déjà évoquées qu’il condense en un ensemble parfaitement cohérent…”

Pour l’auteure, toutes les clefs sont données à l’exception, et c’est sans doute le plus intéressant malheureusement, de l’origine de ces connaissances… Elle est convaincue d’un parrainage mais lequel ?

La suite bientôt…

Commander le livre !

Johan Netchacovitch ©


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Mise à jour du 19 septembre 2019

Chronique annoncée sur « Qui êtes-vous Monsieur Plantard » :

Le livre annoncé et déjà critiqué avant d’être lu par certains détracteurs sur les pages FB et sur le site est disponible à partir de demain dans les librairies… Je reviendrai sur le sujet !

Kris Darquis / Membre de la rédaction

Sortie du livre sur la vie de Pierre Plantard

Mise à jour du 16 septembre 2019
Nous avions posé trois questions à la fin de cet article sur Pierre Plantard

B. Renaud de la Faverie, Directeur des Editions Dervy Médicis Entrelacs Les Deux Océans, y a répondu !

Le livre va sortir incessamment. Il a été laissé en l’état à la suite du décès de Geneviève Beduneau en avril 2018.

“Geneviève Beduneau n’avait pas terminé le dernier chapitre, il a été laissé en l’état. Gino Sandri dans la préface et la postface explique notre choix de le laisser en l’état. Bernard Fontaine fait un avant-propos dans lequel il explique lui aussi le choix.
Gino Sandri et Bernard Fontaine sont les deux personnes qui m’ont mis en relation avec l’auteur avant son décès.”

Le délai pour la sortie du livre s’explique également. “Il y avait des problèmes de succession à régler, il faut toujours un délai pour qu’un livre puisse s’insérer dans le programme d’un éditeur et, pour finir, il faut que les différents intervenants vous aient rendu en temps et en heures leur contribution… !”

A suivre…

Johan Netchacovitch ©


Sortie prévue dans les librairies le 21 Septembre 2019 d’un livre consacré entièrement à Pierre Plantard écrit par Geneviève Beduneau (décédée en 2018) et préfacé par Gino Sandri intitulé “Qui êtes vous Monsieur Pierre Plantard”, Editions Dervy.

Biographie sur Pierre Plantard par Geneviève Beduneau
Biographie sur Pierre Plantard par Geneviève Beduneau : “Qui êtes-vous Monsieur Plantard ?”

Résumé éditorial

“Encore un livre sur Rennes-le-Château ? La remarque est fondée. Mais dans cet ouvrage, il ne sera jamais question du trésor ni de la vie insolite du curé de Rennes-le-Château. À l’origine, une commande expresse d’un ami de l’auteure qui lui demande de réaliser une étude sur cette histoire. Geneviève Béduneau en en vient très vite à l’idée que, à partir d’une histoire de trésor qu’on contribue à diffuser, on a greffé sur cette même histoire, un légendaire minutieusement construit. Ce montage, qu’elle nomme « la Belle Histoire », va susciter un engouement extraordinaire qui va contribuer à attirer des millions de curieux dans un petit village de la Haute Vallée de l’Aude.

Derrière la Belle Histoire, il y a un homme à qui l’on attribue bien des choses. Cet homme s’appelle Pierre Plantard. Pour toutes sortes de raison, cet homme, dans l’agitation provoquée par un roman qui connaît une diffusion mondiale (Le Code de Vinci), va faire l’objet d’une intense campagne de diabolisation.

En résumé, on en fait un mythomane doublé d’un faussaire ou d’un escroc. Comme le dit si bien Geneviève Béduneau, Pierre Plantard ne mérite ni ce procès en indignité ni une hagiographie.” (Editions Dervy) 

Ce livre sera immanquablement le livre de la rentrée castelrennaise, le sujet suscitant visiblement toujours autant d’intérêt et de controverses. Attendons d’en connaître le contenu avant de nous exprimer.

14 septembre 2019, Kris Darquis ©


Mise au point sur Pierre Plantard

En effet, chère Kris, nous verrons à la lecture les nouvelles informations véritables et vérifiables sur Pierre Plantard !

Vu la campagne de critiques plus ou moins nauséeuses dont cette information a fait l’objet sur Facebook, nous garderons notre ligne éditoriale habituelle, c’est-à-dire celle de vous informer ! 

Premières questions : le livre était-il terminé lors du décès de Geneviève Beduneau ? Si non, qui l’a achevé ? et pourquoi avoir attendu de très longs mois pour le publier ?

14 septembre 2019, Johan Netchacovitch ©


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Lire l’article sur le PRIEURE DE SION : son histoire, sa légende


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